Le concours « un des Meilleurs Ouvriers de France » récompense aussi les métiers de l’imprimerie

Bien connu du grand public pour les métiers de l’hôtellerie-restauration, du bâtiment, du commerce et de l’artisanat, le concours « un des Meilleurs Ouvriers de France » récompense aussi ceux de l’imprimerie. Explications de Céline Zanutto (formatrice prépresse), distinguée lundi 13 mai, Meilleur Ouvrier de France Technicien de plateforme prépresse 2019.

Qu’est-ce qui vous a motivé à participer au concours « un des Meilleurs Ouvriers de France » ?

L’idée m’a été soufflée par mon patron, Christophe Villar, qui a remporté le concours en 2015. Il a cru en mon potentiel, alors que je ne pensais pas avoir le niveau pour prétendre m’y inscrire. J’ai accepté de relever ce défi fou, mais je ne me voyais pas le passer seule.

J’ai donc choisi de faire équipe avec Frédéric Pouilly (instructeur presse), qui a concouru dans la catégorie « Technicien de conduite de système d’impression ». La passion de mon métier m’a vraiment motivé. Mon investissement a été total aussi bien professionnellement que personnellement. Ayant été formée sur le terrain de manière autodidacte en imprimerie, c’était aussi pour moi l’occasion d’obtenir mon premier diplôme dans le domaine des industries graphiques. Je suis aujourd’hui Meilleur Ouvrier de France alors que je n’avais jamais passé d’examen reconnu dans mon métier auparavant. Comme quoi, l’expérience est aussi très importante.

Qu’avez-vous ressenti lorsque l’on vous a annoncé que vous aviez remporté le titre ?

Être jugé par ses pairs est toujours déstabilisant. J’ai demandé au président de jury de vérifier une seconde fois, si j’étais bien sur la liste des reçus. On ne peut éprouver qu’une grande fierté d’avoir obtenu une distinction aussi prestigieuse. Et, je suis d’autant plus fière car il s’agit d’une double victoire. Frédéric Pouilly est également lauréat. Nous avons ensemble réussi à démontrer que le travail du prépresse et celui de la presse étaient aussi importants l’un que l’autre. Lorsque ces deux services travaillent ensemble de manière productive, en totale cohésion, cela permet d’arriver à de meilleurs résultats. Les décisions techniques peuvent être ainsi prises intelligemment pour obtenir une production idéale. La chaîne graphique porte bien son nom…

Comment avez-vous préparé ce concours ?

Préparer le concours « un des Meilleurs Ouvriers de France » est un travail de longue haleine qui dure presque deux ans. Il fallait, tout d’abord, que Frédéric et moi apprenions à nous connaître. Nous n’avions jamais travaillé ensemble avant le début de l’aventure. Nous devions définir une méthodologie de travail et s’entendre sur le niveau de qualité que nous souhaitions atteindre. Le savoir technique et la connaissance du concours de notre coach Christophe Villar, Meilleur Ouvrier de France « Technicien de plateforme prépresse »​ en 2015, ont été capitaux dans notre préparation. Nous nous sommes également rapprochés de constructeurs, d’imprimeurs, de papetiers, d’éditeurs de logiciels, de façonniers, pour qu’ils nous aident eux-aussi. J’ai pu collaborer avec l’un des experts de Konica Minolta, Michaël Asensio, au niveau des impressions d’une brochure sur le thème de « la mise en page » pour l’épreuve qualificative et de mon rapport technique pour l’épreuve finale. J’ai notamment bénéficié de ses conseils pour l’impression d’une couverture métallique avec vernis sélectif et sur la réalisation de BATs certifiés sur une presse numérique, calibrage de la presse compris. Durant l’année qui a séparée l’épreuve qualitative de l’épreuve finale, nous avons fait une veille sur : les possibilités techniques, l’évolution des matériels dont nous pouvions disposer et les tendances graphiques actuelles. Nous nous sommes mis à niveau en passant de nombreuses formations sur les dernières normes ISO en vigueur dans les industries graphiques, la photogravure, l’interactivité dans les fichiers, les logiciels… J’ai aussi beaucoup lu de livres sur les bases de nos métiers, de leurs inventions à aujourd’hui.

Comment avez-vous vécu l’épreuve finale ?

L’épreuve finale est un sujet imposé, dont le barème de notation nous est fourni. J’ai dû réaliser la brochure de l’artiste contemporain VanBinh. Celle-ci devait répondre au standard du luxe en termes de qualité et respecter les indications données pour : le format, le nombre de pages, le papier et la reliure (couture à cheval au fil blanc). Le placement de certains textes et photos était aussi imposé. Il fallait retoucher les photos des œuvres, les détourer, présenter un texte allégorique en forme de gargouille, respecter les règles typographiques…

Puis, je devais paramétrer un flux de production (gestion de la couleur et traitement de fichiers à la dernière norme), faire un PDF normé, calibrer un écran, un système d’épreuvage et présenter les épreuves colorimétriques certifiées à la norme ISO européenne. A Nantes, j’ai passé un oral d’une heure pour présenter mon travail au jury. J’ai aussi eu une épreuve de 6 heures, en présence du jury, pour créer une déclinaison de la brochure avec épreuves certifiées et PDF normé. Le lendemain, avec mon coéquipier, nous avons eu un oral pour développer le travail réalisé sur son sujet, à savoir les impressions offset d’une affiche sur le même artiste : une première en quadrichromie à la norme ISO européenne puis une seconde en polychromie, soit 8 couleurs avec un pantone métallique obligatoire. Psychologiquement, j’étais prête à vivre cette finale. J’ai réussi à surmonter la pression des deux jours d’épreuve. J’avais mes sujets bien en tête. A la fin, j’ai ressenti un grand soulagement, mais j’étais aussi triste que cela se termine. La peur du vide s’installe après avoir vécu deux années aussi intenses. C’est difficile de se projeter juste après une aventure comme celle-ci.

Que retiendrez-vous de cette expérience ?

Cette expérience, c’est l’histoire d’une belle rencontre professionnelle avec Frédéric, mais aussi celle d’un challenge personnel à relever. Ce concours m’a professionnellement fait grandir. Je suis sortie de ma zone de confort. J’ai remis en question mes acquis. J’ai appris énormément sur mon métier et cela m’a permis de croiser la route de personnes formidables. Je recommande vivement à tous les passionnés de vivre cette aventure du concours « un des Meilleurs Ouvriers de France ». J’ai également pris conscience que la catégorie imprimerie était méconnue et pas assez valorisée. J’ai bien l’intention de partager mon expérience le plus possible pour faire connaître le concours dans nos beaux métiers de l’imprimerie et donner envie aux gens de peut-être devenir « MOF».

Konica Minolta a activement soutenu Céline Zanutto. Lors de la préparation des épreuves qualificative et finale, des moyens humains et matériels ont été mis à sa disposition. Un soutien qui s’inscrit dans la volonté de Konica Minolta d’accompagner les professionnels et futurs professionnels des industries graphiques dans l’obtention des épreuves d’excellence. En effet, Konica Minolta participe activement à des événements majeurs, comme les Olympiades des Métiers, et, depuis 10 ans, a noué de solides relations avec une trentaine de lycées professionnels et centres de formation en France.

6 août 2019